Parlons-en car l'Afrique se meurt

Aux vaillantes femmes d’ABOBO en Côte d’Ivoire

Trois mois que cela dure, trois mois que je n’arrive plus à fermer l’oeil de la nuit. Trois mois que Laurent Gbagbo a brigandé le pouvoir et refuse de partir. Pendant ces trois horribles mois, la violence n’a fait que s’accentuer en Côte d’Ivoire entre ivoirens des deux bords (LMP et RHDP), et entre ivoiriens et étrangers. Mais jamais, je dis bien jamais je n’aurais pensé que la haine, la bêtise ou même la folie pouvait pousser une armée à tirer sur des femmes, aux mains nues de surcroît. Gbagbo a vraiment perdu la tête: oser tolérer une armée qui tire sur des femmes? Quelle honte! Monsieur Gbagbo, ne savez-vous pas qu’en Afrique, la femme est sacrée? Que la femme est celle-là même qu’il faut protéger, chérir, voire vénérer? Quel monstre êtes-vous donc devenu? Après avoir tiré sur celles de Yopougon en 2006, voilà que votre armée récidive avec celles d’Abobo. Votre folie n’a telle donc aucune limite? Comme le Malien Moussa Traoré l’avait fait en 1991 avec les femmes sorties pacifiquement manifester contre son régime dictatorial, vous aussi vous entrez dans l’histoire des roitelets sanguinaires d’Afrique. Bravo à vous!

Même le colon d’autrefois qui était tant cruel envers nos parents à cause du travail forcé n’a pas osé tirer sur Marie Currie et ses camarades lors de leur marche sur Bassam pour reclamer la libération de leurs maris. Même Louis XVI, qui était connu pour sa totale indifférence à l’égard des souffrances du peuple Français n’avait pas osé faire tirer sur les femmes qui marchèrent sur Versailles pour reclamer du pain pour leurs enfants. Mais diantre, que se passe-t-il donc dans votre tête? Vous avez fait l’impardonnable je vous l’assure, et j’espère de tous mes voeux que la justice des hommes vous le fera payer tout comme ces rebelles qui assassinèrent froidement les danseuses d’Adjanou en 2002.

Et déjà, moi je vous vois assis au banc des accusés, la-bàs à La Haye, essayant de vous défendre comme un beau diable avec Simone à vos cotés et certainement Jacques Vergès comme avocat. Votre argument, comme celui de tous les dictateurs de votre espèce d’ailleurs, sera que vous n’avez jamais donné l’ordre à vos généraux de tirer sur ces femmes. Tout comme Moussa Traoré l’hors de son procès au Mali, ou Pinochet le dictateur Chilien, Charles Taylor et Jean-Pierre Bemba tous trois devant le TPI, vous aussi vous accuserez vos généraux Mangou, Kassaraté, Guiai Bi et autres d’avoir agi seuls, sans vous avoir consulté. Mais là-bas personne ne vous croira, là-bas le procureur aura un dossier en béton, des films des atrocités commis par vos partisans et votre armée. Là-bas, personne n’est dupe car vous êtes le chef suprême des armées. Alors, vous comprendrez, bien trop tard malheureusement, que tout se paie ici bàs sur la terre des hommes. Vous comprendrez que tous vos faux pasteurs qui avaient prophétisé que vous étiez indétronable avaient menti, grandement menti. Et avec votre très chère et fidèle Simone, vous vous débattrez, remuerez du vent, mais la justice sera implacable à votre égard. Votre sentence tombera comme une guillotine sur un fruit trop mûre. Et ça ne sera que justice.

A vous les vaillantes femmes d’ABOBO qui êtes tombées sous les balles assassines de l’armée de Gbagbo, sachez qu’on ne vous oublira jamais. Nous vous porterons dans nos prières afin que vous reposiez en paix à jamais.

Aude aux vaillantes femmes d’Abobo

Abobo la laide, Abobo la répugnante

Qu’as-tu fait pour mériter tant de haine

Abobo l’hideuse, Abobo la purulente

Pourquoi toujours tant de peine

Toi avec tes rues sales et mal bitumées

Nid de moustiques, de cafards et de rats d’égouts

Toi la marécageuse les jours de pluie

Mammelles des assoiffés de sang

Ils ne veulent plus de tes femmes et de leurs enfants bâtards

Ils ont décidé de te purifier de tes souillures, de tes plaies puantes et purulentes

Ils sont déterminés à te délivrer du demon qui s’est emparé de ton âme

Ils veulent t’exhorciser malgré toi

Maudite sois-tu pour avoir couché avec l’étranger venu du nord  

Avec le sang de tes femmes tu le paieras

Toi qui a osé défier ceux de l’autre bord

En cimétière ils transformeront tes habitats

Abobo la belle, Abobo la courageuse

Les pleurs de tes femmes resonnent au loin dans la nuit

Abobo la battante, Abobo l’obstinée

Ton combat ne sera point occulté  

Gile Farese